A propos du slam

A PROPOS DU SLAM

Alors le slam c’est qui, alors le slam c’est quoi ?

Sans parler pour les autres, je dirais que pour moi

Slamer, c’est embrasser la langue à pleine bouche

La tourner 7 foispour faire mouche

Slamer, c’est donner d’ la voix pour trouver la sienne

Pour faire entendre ses images, se faire metteur en sèmes

Slamer, c’est aiguiser sa plume pour déployer ses ailes

Surfer ses vagues à l’âme, curer sa mine de fiel

Slamer, c’est raturer sans saturer, recommencer sans rien lâcher

Et s’entraîner pour s’assurer de tirer ses traits sans trembler

Slamer, c’est jouer de répétition pour rendre unique son expression

Trouver l’ déclic pour que ça claque, et taguer l’ mur du son

Slamer, c’est croiser l’ vers pour se battre pieds à pieds contre la langue de bois

C’est reprendre en main son discours, faire d’une parole un porte-choix

Slamer, c’est prendre son souffle dans le silence, chercher des phases

Vibrer les mots, les mettre en stances, et sans autre artifice que son blaze

Se jeter à l’eau en public, en toute sérénité

Pour au gré de la scène se laisser emporter

Slamer, c’est partager, mêler le verbe de pair à pair

Loin des dérives identitaires, juste une parole ardente et fière

Slamer, c’est militer pour que chacun s’exprime

Que chacune lève l’encre et qu’ensemble on s’arrime

Slamer, c’est… personnel, à chacun sa pratique

C’est de la parole libre, y a pas de profil type

Mais y a un point commun, chez ces mecs et ces filles

C’est qu’ de c’ monde et son cirque, ils sont les clowns utiles

Sautant du rire aux larmes, ils sont jongleurs d’idées

Ou se font funambules du fil de la pensée

Certains mettent un nez rouge pour exhorter leurs peurs

D’autres jouent d’ leurs couteaux-plumes en alertes lanceurs

Les fous, les intrépides deviennent dompteurs de mots

Les plus spectaculaires sont les cracheurs de flow

Mais tous ont en commun d’être un peu magiciens

Quelques éclats de vers et vois… l’image y tient

Ils mélangent sens et sons pour mieux faire sensation

Dispensant dans leurs rimes quelques salves de plombs

Car tous ces acharné.e.s, armés d’encre et de voix

Pratiquent la poésie comme un sport de combat.

Et s’il arrive parfois qu’ leurs mines soient agressives

Ce sont surtout des armes de dérision massive

Celles d’une drôle de troupe, plutôt hétéroclite

Où tout l’ monde a sa place, c’est pour ça qu’on milite

Et n’en déplaise à ceux qui se gaussent de nos proses

Pour nous la vie en vers, ça rime à quelque chose

Car derrière ce partage, nos talents se cumulent

Sur ce, je laisse la place… faut qu’ la parole circule.

© Lautre