Le Slam, c’est quoi ?

Pour Gérard Mendy, pionnier du slam en France, « le Slam, c’est une bouche qui donne et des oreilles qui prennent« .

Pour Camille Vorger, qui lui a consacré une thèse, « le Slam est un OPNI, un Objet Poétique Non Identifié« .

Pour Helen Gregory, poétesse performeuse qui enseigne à l’université de Brighton (UK), « le Slam de poésie peut être décrit comme : un mouvement, une philosophie, une forme, un jeu, une communauté, un dispositif pédagogique, un cheminement artistique et un gimmick« .

Quant à moi, j’ai commencé ma tentative de réponse par une phase : « Le Slam, c’est mêler sens et sons à travers la scansion, tenter de faire sensation avec sa création pour capter l’attention, poser une réflexion, susciter l’émotion le temps d’une prestation. »; je l’ai développée pour en faire un texte, à propos du slam ; et j’ai fini par en faire une conférencespectacle interactive.

Mais pour aller à l’essentiel, je dirais que, pour moi, le Slam c’est à la fois une pratique artistique et une façon d’être au monde.

Du point de vue de la pratique artistique, le Slam, c’est un formidable atout artistico-ludo-éducatif pour stimuler la créativité individuelle et collective.

La Poésie Slam, c’est plusieurs formes artistiques en une : poésie + théâtre + musique.

Le Slam, c’est la rencontre entre des procédés classiques d’expression (pratique poétique, rhétorique, expression scénique) et un esprit de modernité (stand-up, rap, punch-line)

Le Slam, c’est une discipline artistique complète, qui combine écriture + oralité + expression scénique.

Le Slam, c’est une pratique :

  • Complète : le Slam apporte à la maîtrise de la langue autant qu’au développement personnel ou à la socialisation. Également, il sollicite nos ressources cognitives, notre mémoire, nos capacités d’attention, d’observation, d’adaptation ou d’expression. Il mobilise activement nos intelligences multiples et nos compétences.
  • Ouverte : à tout le monde, sans conditions d’âge, de sexe, d’origine ou de niveau de maîtrise de la langue,
  • Artistique : le Slam s’adresse délibérément et simultanément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect. Il stimule la créativité en lui donnant un cadre pour son expression et les moyens de remodeler celui-ci,
  • Ludique : jouer avec les mots et les sons, puis partager les résultats dans l’esprit d’une « joute » amicale, où la compétition n’a pour enjeu que de dynamiser le spectacle.
  • Interactive ; le Slam, c’est live ; un moment de rencontre et de partage entre artistes et public. artistes qui sont aussi public, public libre d’écouter ou non et qui « choisit » quelle prestation il valide ou pas.
  • Simple : un papier, un crayon, une voix, aucun artifice (ni décor, ni musique, ni costume),
  • Engageante : intellectuellement, psychologiquement et physiquement. Écrire pour dire scéniquement mobilise l’esprit et le corps, en associant plume et voix,
  • Évolutive : par les apports de chacun et leur partage.

Et pour ce qui est de la façon d’être au monde, c’est qu’il y a dans le Slam, quelque chose qui va au-delà de l’aspect artistique ou du rapport à la langue.

Le Slam, c’est un authentique vecteur de transformation sociale et personnelle, contribuant au renforcement de l’estime de soi, à l’éducation citoyenne, à la socialisation, à la construction intellectuelle et à la construction sensible. Et cela, dans une approche directement issue de l’Éducation Populaire, plaçant les participant-e-s à la fois au centre de leur pratique et en interaction avec l’autre.

Le Slam, c’est un outil d’Éducation Populaire, qui procède de valeurs  :

  • Égalité : tout le monde a le même droit d’expression et est à égalité de conditions pour le faire.
  • Liberté : la parole est libre, sur le fond comme dans sa forme, et s’exerce pour cela dans un cadre qui garantit cette liberté. Et parce qu’elle ou il est libre, chacun-e est responsable de son contenu et de l’expression de celui-ci. Écrire pour dire, ce n’est pas seulement se demander comment toucher l’autre, comment l’atteindre ; écrire pour dire, c’est aussi s’interroger sur comment l’autre peut recevoir mon propos, quelles sont ses références, sa culture, ses limites d’acceptation… Être libre, c’est choisir de manière éclairée et assumée.
  • Accessibilité : le Slam ne demande pas d’autre prérequis, que l’acceptation des valeurs qui le constitue. En Slam, tout le monde a sa place, sans considération de genre, d’origine ou de niveau de maîtrise de la langue.
  • Partage : le Slam appartient à chacun.e autant qu’à la communauté. d’ailleurs, intrinsèquement, le Slam de Poésie est une volonté et un moyen d’aller de soi vers l’autre.
  • Respect : de soi, de l’autre, de chacun pour ce qu’il est et ce qu’il exprime, du droit d’auteur …
  • Ouverture : le slam fonctionne par addition, collage, mélange ; toute écriture oralisé est donc la bienvenue. D’ailleurs, en atelier, le groupe fonctionne comme un cocon protecteur où les paroles individuelles peuvent éclore, grandir, s’éprouver à l’autre positivement afin de renforcer chacun.e.
  • Interactivité : le Slam est un art vivant, qui trouve son sens dans la relation entre artistes et avec le public. « Le Slam, c’est une bouche qui donne (celle de l’artiste sur scène) et des oreilles qui prennent (celles du public et celles des artistes entre pairs ou par leur héritage) ».

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Pour aller plus loin :